Célia Gondol

Née en 1985, vit et travaille à Paris.

Pour certains artistes, la pratique de l’art est avant tout un moyen de donner une forme à la curiosité insatiable suscitée par le monde tel qu’il nous est donné. C’est une attitude, une disponibilité sensible, une nécessité à traduire, dans la pratique, la jouissive complexité de la connaissance.

Dans les recherches de Célia Gondol, cette transposition nous conduit dans l’univers de la danse, de la sculpture, dans les dimensions du son, de la lumière et jusqu’aux observations astrophysiques.

Lors de sa récente résidence dans une manufacture de soie de la maison Hermès, elle a ainsi fait appel à Hélène Courtois, une astrophysicienne spécialisée dans la cartographie des galaxies en expansion, pour s’inspirer de ses documents et les traduire dans l’art du tissage de la soie.

L’œuvre finale intitulée Observables d’Apeiron (2016) déroule ces représentations de « l’irreprésentable » sur une laize de vingt-cinq mètres de long, que le spectateur est amené à parcourir physiquement.

Dans Slow (2014), elle invite un couple à danser un slow au milieu de l’exposition en interposant entre leurs corps une feuille de bananier. Lorsque le public s’approche des danseurs, il peut les entendre fredonner une ritournelle pop, empreinte de douceur et de tendresse au sein de l’espace codifié d’un lieu d’art. Dans l’installation Songlines (2014), elle laisse des éléments tels que des feuilles de bois et de plantes vertes « s’installer » sous leur propre poids dans l’espace, simplement portées par de fines tiges en acier.

Dans la vidéo Agreement in compassion (2015), elle filme une jeune femme thaïlandaise recouvrir quelques pennes d’un palmier de feuilles d’or. Le point de ralliement de ces pièces, a priori éloignées les unes des autres, tient dans cette attention très délicate que l’artiste porte à la relation des corps à leur espace, qu’il s’agisse de celui du spectateur parcourant la grande laize, des sculptures, de la jeune femme prenant soin de l’arbre et bien entendu des corps des danseurs.

Célia Gondol s’est engagée dans la danse à l’âge de dix-huit ans et elle la pratique aujourd’hui régulièrement dans une compagnie et en tant que chorégraphe. Cette mixité singulière, plasticienne et danseuse, forme pour elle un tout indissociable. Il nous demande, devant ses œuvres, d’être à l’affût de ces moments d’équilibre et de grâce, où quelque chose comme un sentiment peut prendre une forme pensée, laissée libre de nous toucher.

Comme si l’artiste nous confiait la responsabilité de prendre le temps de voir, de sentir, de concevoir et d’éprouver quelque chose, de vivre en somme, à ses côtés. Texte par Gaël Charbau.

Œuvres présentées dans « Une inconnue d’avance»

Œuvres de l’artiste