Angélique Heidler

Née en 1992, vit et travaille à Ivry-sur-Seine.

Angélique Heidler prête autant d’attention à l’image peinte qu’aux qualités sculpturales de ces peintures, à leur support, leur cadre, leur toile. Ses peintures sont des composites d’éléments glanés, trouvés dans la rue, achetés dans des magasins discount ou chinés dans des brocantes. Cartes de visite, coupures de presse, peintures décrépies, chutes de tissu, stickers, pubs… Angélique Heidler a fait de l’image et du produit précaire sa matière première et jette ainsi un coup de projecteur sur ces zones d’ombre, sales et reculées, celles de la rue et de la marginalité. La démarche de l’artiste est paradoxale, car ironique et nonchalante, honnête et sentimentale, à l’égard des fruits de ses récoltes, ces objets et images désuètes qu’elle colle, copie ou recopie pour en exacerber la bizarrerie.

Remuer les restes de la société de consommation, composer à partir d’eux des systèmes de signes, faire de la survie une esthétique, tel est son projet. Combine paintings dépouillées, ses toiles évoquent souvent des mood boards trash et ouvrent des espaces où se rencontrent les détritus de la mémoire collective, marchande, médiatique et digitale. Renouant avec cette tradition de la peinture irrévérencieuse, du néo- expressionnisme au bad painting, Angélique Heidler conçoit ses œuvres comme des insultes. Émancipatrices pourrait-on ajouter.

Sa touche est onctueuse, instinctive, excessive. Les couleurs vives, les coups de pinceaux précipités, les références kitsch. La nonchalance est assumée et il s’agit de la pousser à un point de non-retour. Parfois réalisées en quelques heures seulement, les peintures d’Angélique Heidler visent une certaine sauvagerie instinctive et installent une confrontation directe avec le spectateur. Une confrontation qui rebat les cartes du bon goût.

Texte de Julie Ackermann

Œuvres présentées dans « Outside Our »

Œuvres de l’artiste