Née en 1986, vit et travaille à Paris.
Bianca Bondi pratique une science qu’on pourrait qualifier d’« alchimie instinctive ». Elle revendique l’influence des théories de Carl Gustav Jung, notamment l’étude de ce qu’il a nommé « l’âme » ou encore les concepts d’« inconscient collectif » ou d’« archétype ».
Elle fait aussi référence dans son travail à des problématiques environnementales, sociales et humaines en empruntant librement des idées dans les domaines de la métaphysique ou de l’alchimie.
Elle sélectionne et collecte précieusement des objets qui ont une histoire, une vie antérieure, pour les convoquer dans des installations symboliques qui invitent les spectateurs à réfléchir à des problématiques contemporaines.
Par exemple, dans A Sudden Stir and Hope in the Lungs (2014), l’artiste nous plonge dans un avenir qui aurait connu le réchauffement climatique. L’installation, qui se présente comme une grande surface au sol recouverte de cristaux de sel, dresse les vestiges d’une fête gourmande qui aurait été retrouvée au fond d’un océan. Les éléments de vaisselle, en cuivre, sont oxydés par l’action du chlorure de sodium et prennent naturellement une teinte bleu-vert. Réalisée à l’aide de dizaines de litres d’eau saturée de sel, le processus d’oxydation se prolonge sur l’installation tout au long de l’exposition. Le cuivre, traditionnellement associé à Vénus, à la jeunesse et à l’amour dans la littérature alchimique, s’altère ici avec une lente poésie sous les yeux du spectateur. Ses pièces oscillent souvent entre une grande sensibilité accordée aux matériaux et à leur rencontre (verre, miroir, minéraux, paraffine, sel, bois, charbon) et une radicalité toute conceptuelle : ainsi, plus directe, la pièce The Tree That Fell That (2012) liste chronologiquement la disparition d’espèces animales, sur un ticket de caisse de plusieurs mètres de long.
Bianca Bondi expérimente aussi le dessin, mais sous une forme qu’il faudrait plutôt assimiler à un work in progress. Traces of a Planetary Past Encryp-ted in the Nervous System (2015) est composé de « schémas automatiques » réalisés par l’artiste au cours des deux dernières années. Elle y reproduit d’abord des schémas techniques très détaillés (issus de l’astrophysique, de l’hermétique, ou même de précis d’électricité) qui sont ensuite recouverts par du texte.
L’œuvre est un véritable palimpseste, auquel elle a récemment ajouté des couches de latex. Les différents ingrédients chimiques qu’elle utilise attaquent le recto du support, tandis que le verso reste intact. A force d’ajouts de matière, la pièce est devenue assez rigide à certains endroits pour être présentée comme un volume, appuyé contre le mur. Ici, comme dans nombre de ses autres travaux, l’œuvre se métamorphose en permanence et c’est l’état de cette transition, inévitablement comparable à la nature humaine, dont il est question.