Née en 1985, vit et travaille en Seine-Saint-Denis.
Depuis plusieurs années, Jessica Lajard construit un répertoire de formes librement inspiré de l’imagerie populaire, de l’univers domestique, de l’érotisme ou même de la nourriture. Parfois pensées en amont par le dessin comme Love Birds (2012), ses installations se déploient dans l’espace, comme lors du 59 e Salon de Montrouge (2014) où l’artiste nous plongeait dans un décor de carte postale en volume, en mélangeant des éléments en céramique et textile : deux grands doigts croisés faisaient face à un coucher de soleil dans une ambiance acidulée, pop et surréaliste de coquillages et de crustacés.
Overwhelmed (2012) pourrait dessiner les prémices de Somewhere Where The Grass Is Greener (2015) : sur un socle haut, un cornichon en céramique dressé, flanqué de deux seins, ruisselle de gouttelettes blanches. Aux côtés du cornichon traîne sur une table une brique de lait : Bonus. On y retrouve la forme phallique et végétale des Pet Plants, la force triomphante des Boobies, et la présence d’un liquide blanc laiteux indéterminé… Quant à Awaiting (2013), il pourrait s’agir d’une étude de la future Pet Pussy, guettant sagement sa proie : le Pet Penis.
Somewhere Where The Grass Is Greener (2015) nous conduit donc dans les salons de notre enfance : un petit « chien-chien à sa mémère » dort sur un tapis de laine, posé sur un canapé recouvert d’un patchwork aux couleurs un peu ringardes, mais moelleuses de tendresse. Toutes les sculptures de l’artiste recèlent souvent une petite surprise, et dans cette installation, ce sont les allusions sexuelles qui surgissent en toute liberté sur une plante, un arrosoir ou des animaux domestiques (Pet Penis et Pet Pussy). Dans un univers kitsch et policé, en apparence inoffensif, la tempête est vite arrivée : les Pet Poo, crottes de céramique, nous confirment qu’on a bien basculé dans l’horreur de l’accident domestique.