Né en 1987, vit et travaille à Paris.
Loup Sarion appartient à cette génération d’artistes conscients de l’environnement dans lequel ils se trouvent. Un univers fait de références communes, d’un certain idéal quant à l’idée du « Beau » et sans aucun doute une forte lucidité concernant l’endroit que l’on peut occuper sur une scène internationale qui observe sa propre saturation d’images et de formes. Au premier abord, ses sculptures peuvent paraître discrètes, presque nonchalantes. La série U Sleeping on me (2015), par exemple, est constituée de différents sacs de gym, remplis de ciment et « jetés » dans l’espace d’exposition de manière indolente. Presque rien ne trahit leur poids et leur rigidité, ce n’est qu’en tapant dedans par inadvertance qu’on peut s’apercevoir qu’il s’agit bien là de sculptures.
Souvent, ses œuvres provoquent la rencontre du volume et de l’image dans une combinaison subtile. Sur le socle d’Everybody is somebody’s secret (2014), on découvre des motifs transférés, procédé qu’on retrouve régulièrement dans son travail : ces socles parallélépipédiques, en plâtre blanc, sont teintés à l’aide de différentes encres, plus ou moins absorbées par la matière. Cette technique lui permet d’obtenir des nuances délicates qui se fondent les unes dans les autres en fabriquant comme une brume de couleur ou de coulures. Les motifs qui s’en détachent évoquent souvent une sensation liée au goût (verre d’eau, café…) ou au toucher (une main qui masse un pied). Enfin, par des rapprochements esthétiques ou conceptuels, les socles portent généralement des objets qui entrent matériellement ou conceptuellement en résonance avec eux. Leur permutabilité permet à l’artiste d’envisager une infinité de variations dans cet étrange ballet renversé de piédestaux devenant œuvres.
Pour « Empiristes », Loup Sarion présentera Direct sunlight makes it go away faster (2015), sortes de petits auvents qui se placent, eux aussi, discrètement dans l’espace. Destinés à ne pas être vus immédiatement, on découvre les paysages d’encre qu’ils dessinent lorsqu’on se trouve juste en dessous. Par ce déplacement de l’œuvre, Loup Sarion parvient là encore à interpeller notre regard à un endroit inattendu, toutes ses recherches reposant sur cette fine perturbation de nos attentes dans un espace d’exposition. C’est là qu’il réussit à faire exister son univers, plein d’une jouissive et savante élégance.