Né en 1993 à Paris, vit et travaille à Paris.
Lauréat du prix des Amis des Beaux-Arts et de la bourse Diamond en 2016, tout juste diplômé des Beaux‑Arts de Paris, Maxime Biou a essentiellement peint ses proches, saisis dans l’attente, le relâchement, le sommeil parfois.Cette possible mélancolie compose, par ailleurs, une généalogie de corps lourds, exemptés des postures mondaines habituelles : c’est le bénéfice de l’abandon, d’où se dégage une certaine fragilité. Que le modèle soit peint d’après nature ou d’après un cliché réalisé par l’artiste, le temps de pose est excessivement long : le temps qu’il faut pour capturer cette présence‑absence et représenter le temps en peinture ; le temps qu’il faut pour saisir un corps dans sa matérialité, confrontée à la touche matiériste qu’a élue le jeune peintre, inspiré par Francis Bacon ou Lucian Freud.
« La matière et sa composition m’intéressent en premier lieu. Le sujet et l’effet qu’il produit, chez moi ou chez les autres, est une question plus récente », rapporte-t-il. La photographie en outre n’est qu’un support, un certain nombre d’éléments étant peints de tête ou simplifiés, au profit d’un imaginaire à même de renverser les espaces de la maison familiale dont est issu l’ensemble de sa production. L’une de ses dernières toiles — qu’il ne titre jamais — représente son père assis contre un mur, son chien lové contre lui. Un certain réalisme entre en friction avec l’épure, un grand tapis blanc en aplat venant perturber l’espace.
Récemment encore, Maxime Biou a pu se détourner de la figure, humaine ou animale, pour saisir les objets et les vides qui l’entourent. L’esquisse d’un lit défait, hommage à celui de Delacroix, trône sur son chevalet : la prise est rapide, à la recherche d’un équilibre entre maîtrise et spontanéité du geste ; la quête de l’infime d’une présence y est d’autant plus remarquable, en l’absence de corps. Fasciné par la liberté des Maîtres, le jeune peintre semble explorer, ainsi, l’un des grands paradoxes en peinture, selon lequel il semble impossible d’aboutir à une figuration qui n’ait pas de propriétés abstraites (comme de réaliser une peinture abstraite ne présentant aucune qualité figurative).
Texte par Marine Relinger