Née en 1989, vit et travaille à Paris.
Tout a commencé par un voyage en Asie du Sud-Est, Océanie, Amérique du Sud et Amérique centrale : pour la préparation de son diplôme, Raphaëlle Peria part huit mois faire un tour du monde. Elle entame alors une série de photographies intitulée Deux cent trente-cinq nuits qui consiste à immortaliser, chaque jour, sa chambre d’hôtel. Lorsqu’elle imprime ensuite les tirages, elle leur arrache systématiquement les traces de sa présence, par grattage ou décollement de la surface de la photo.
C’est aujourd’hui devenu une technique que l’artiste a perfectionnée et avec l’aide de grattoirs, pointes sèches ou scalpels, elle a développé une véritable science du grattage photographique.
Ce procédé lui permet notamment un travail impressionnant de la lumière, de la même manière qu’on pourrait l’envisager en peinture. En détériorant progressivement la matière de ses tirages, elle laisse apparaître la blancheur du papier qui donne une nouvelle dimension au sujet capturé dans l’image. Elle apporte en effet du volume à la surface et la fait comme vibrer : la série Arbre, par exemple, donne à ce motif éculé un effet de « réalité » plus saisissant que la photographie elle-même.
C’est toute la force de cette technique qui parvient à dupliquer l’image sur elle-même pour la transformer en une sorte de peau sensible, hérissée de ces multiples micro-interventions. Des montagnes enneigées, des paysages urbains, des ports… toute la grammaire du paysage repassée à la moulinette d’un geste minutieux qui d’abord décompose, puis reconstruit le motif à l’échelle, du bout des doigts.
A plus grande échelle, Raphaëlle Peria l’expérimente aussi au sol, sur un large morceau de lino qui agglomère, toujours sous le régime de ses gestes gravés sur le support, différents fragments de paysages. Dans Cartographie intérieure, ce n’est plus seulement avec l’esprit que l’artiste propose aux spectateurs d’entrer dans l’œuvre, mais bien physiquement, pour sentir et toucher véritablement son travail, qui nous rappelle ici que dans la vraie vie, on découvre toujours un paysage avec les pieds avant de le voir avec les yeux.