Née en 1990, vit et travaille à Paris et Prague.
Au croisement du dessin, de la gravure, de la peinture et du collage, le travail de Tereza Lochmann se niche dans le millefeuille des mémoires collectives. À travers la superposition d’images peintes, collées ou imprimées, comme autant de réminiscences, elle reconstitue de façon presque chirurgicale des images mentales, dérangeantes et aussi fragiles que leur support, du papier souvent friable. Des enfants sniffent de la colle, d’autres barbotent nus dans un bassin…
Tereza Lochmann excave ces micro-traumatismes refoulés et signifiants qui façonnent l’individu. Son travail s’attache à cet instant précis de perte de l’innocence. Inspirée par la psychanalyse, l’art brut et le symbolisme, Tereza Lochmann convoque cette « inquiétante étrangeté » freudienne et opère une archéologie iconographique des souvenirs et des rêves, dans lesquelles elle creuse comme elle grave le bois, gratte et épuise le papier.
La figure du chien errant comme métaphore de l’individu relégué en marge de la société est une figure récurrente dans son travail. Son répertoire compte également des singes habillés comme des bourgeois, une chienne habillée en secrétaire, des scènes de tendresse et de sexe inter-espèces. L’artiste établit et met en scène les liens de parenté entre l’homme et l’animal : ce moment où l’animal se comporte en humain, et l’humain en animal. Inscrivant sur un même plan les espèces qui peuplent la Terre, Tereza Lochmann brouille cette distinction factice entre sauvagerie et civilisation.
Texte de Julie Ackermann