Nés en 1989, vivent et travaillent à Paris.
Au premier contact de leurs œuvres, c’est une sorte de fougue irrévérencieuse que l’on ressent, comme si nous étions en présence d’une énergie émancipée des bonnes règles. Le duo formé par Thomas with Olivier semble comparable à une machine autonome, qui dicterait ses règles esthétiques en jouant avec tous les usages à la mode. Ils gravent, ils dessinent, ils peignent (en tout cas ils appliquent de la peinture sur un support), ils collent, parfois ils sculptent. Dans une accumulation de grands formats qui parviennent à ne jamais lasser notre attente, les deux jeunes hommes œuvrent un peu à la manière d’un ancien maître, utilisant tous les outils de leur environnement, des plus traditionnels aux plus avant-gardistes.
Parmi les techniques qu’ils développent, l’une consiste en un détournement du périphérique Kinect, le capteur infrarouge de la console de jeu Xbox, qui leur permet d’enregistrer leurs mouvements dans l’espace. Ces gestes sont ensuite transférés dans un logiciel qu’ils ont eux-mêmes développé et qui en donne un équivalent graphique, sous forme de points. Ces mouvements sont ensuite imprimés sur des grands formats à l’aide d’un traceur, qui sert de base à une composition sur laquelle ils retravaillent. Cette « augmentation » d’une image imprimée est un procédé qu’ils utilisent souvent. Dans la série Pixel (2016), ils reproduisent des formes utilisées par les hackers pour crypter des typographies afin d’éviter qu’elles ne soient récupérées par des ordinateurs espions. Thomas with Olivier utilisent ces motifs comme base de leurs images, avec pour dénominateur commun le carré, plus exactement le pixel, qui est pour eux la « forme fondamentale de leur génération ».
Dans leurs expérimentations, ils utilisent aussi des objets issus de notre quotidien, qui ne devraient que très rarement croiser la vie d’une surface de papier : un clavier d’ordinateur, une roue ou des pédales de vélo, une table de ping-pong… Entre leurs mains, ils deviennent des outils ludiques, graphiques, qui « accomplissent » l’œuvre en la plongeant dans l’imprévu : les compositions partent en vrille, des rythmes se créent, des espaces se creusent, des surfaces dérapent, comme un abécédaire de tout ce qu’on peut faire, en largeur, en hauteur. Il y a quelque chose du plaisir primitif qui s’épanouit ici et qui reste gravé dans l’image : un endroit que l’on croyait usé, où l’aventure recommence. Texte par Gaël Charbau.