Randa Maroufi

Née en 1987, vit et travaille à Paris.

Qu’elle fasse appel à la performance, à la vidéo ou à la photographie, Randa Maroufi propose autant de mises en scène liées à des faits d’actualité qu’elle déterritorialise, réincarne en d’autres lieux, d’autres corps. Entre documentaire et fiction, dans une démarche à la croisée du reportage, du cinéma et de l’analyse sociologique, ses reconstitutions ouvrent un espace critique gondolant les représentations.

S’intéressant aux questions du genre et du partage de l’espace public, Randa Maroufi s’est promenée dans les rues équipée d’enceintes crachant des insultes, couramment adressées aux femmes, énoncées cette fois par une voix féminine (Tentatives de séduction, 2013).

Dans le cadre de travaux photographiques, elle a recruté des passants pour recomposer des scènes de harcèlement glanées sur Internet (série Reconstitutions, 2013) et a rempli de femmes un café populaire la nuit tombée (Les Intruses, 2018). Dans son film Le Park (2015), minimal et saisissant, une caméra déambule dans un parc d’attraction désaffecté, traversant des groupes de jeunes gens immobiles — dont des squatteurs occupant les lieux à Casablanca — figés dans des gestes d’attente et des rixes. La caméra circule parmi eux comme dans une photographie, la recadrant, en donnant à voir divers points de vue et soulignant notre position de spectateur.

Ce travail est inspiré d’images virales représentant des groupes de jeunes en armes, mode qui a entraîné au Maroc une série de contrôles au faciès. Stand-by Office (2017), quant à lui, nous montre des cols blancs affairés au bureau, autour d’une maquette, en réunion ou en pause café. Pourtant, l’énergie et les habitus des corps dissonent, colorent différemment les actions stéréotypées ; des gestes incongrus, d’ordre domestique, interrogent. Randa Maroufi filme, ici, un groupe de réfugiés — We Are Here — qui, à Amsterdam, a décidé de rendre visible leur situation en ouvrant des squats dans des bureaux désaffectés. Avec pudeur et précision, Randa Maroufi formule un art de la déconstruction, pour autant frontalement engagé.

Texte de Marine Relinger

Œuvres présentées dans « Outside Our »

Œuvres de l’artiste