Villa Emerige, 7 Rue Robert Turquan, 75016 Paris
Bourse Révélations Emerige
2017
En forme de vertiges
« On pose souvent aux critiques d’art, aux commissaires, aux galeristes et à tous les acteurs de l’art en charge d’exposer les artistes la question la plus légitime qui soit: comment faites-vous vos choix, comment établissez-vous vos critères esthétiques pour distinguer un artiste plutôt qu’un autre ? Si l’on pouvait y répondre de façon précise et limpide, de la même manière que l’on peut juger de la qualité d’un poisson à la fermeté de sa chair, à son odeur et à la brillance des ses yeux, il y a longtemps que l’art tel que nous le connaissons aurait disparu, puisqu’il suffirait de recenser ces critères pour établir la «conformité» d’une pratique artistique aux attentes d’un environnement culturel prêt à l’exposer au public. C’est tout le contraire qui se joue et il est évident que cette absence de critères a priori, ce manque de règlement constitue la principale prise aux vents des esprits les plus critiques envers cet art du présent, puisque le défaut de règles, est la règle. Cet implicite est entendu et partagé par tous ceux qui cohabitent au sein de l’écosystème de l’art. Mais eux-mêmes peuvent en devenir les victimes: ainsi n’existe-t-il aucun réel consensus sur l’art contemporain et, globalement, personne ne tombe jamais entièrement d’accord. Il n’y a jamais unanimité dans la galaxie des goûts, mais une succession d’alliances autour de certains artistes, de certains mouvements, de certaines pratiques. »
Gaël Charbau